Le Burundi a entamé le processus de dialogue national pour le financement de la santé. Cela, après la première mission d’information commanditée par l’EAC. Ce processus s’inscrit dans l’agenda 2063 qui met en avant le plan de développement de l’Afrique sur 50 ans qui donne la priorité à la mobilisation des ressources intérieures comme principales sources de financements de la transformation structurelle. Il souligne un « changement de paradigme » vers les initiatives dirigées par les africains pour financer la riposte aux maladies. La stratégie africaine de sante 2016-2030 indique que des mécanismes de financement de la santé durables et prévisibles sont essentiels pour construire des systèmes de santé viables qui constituent un ingrédient essentiel pour la réalisation de la couverture sanitaire universelle (CSU).
Polycarpe Ndayikeza, DG de la planification au Ministère de la Santee déplore que le budget alloué au secteur de la santé reste déficitaire. En témoigne le budget des exercices budgétaires 2021-2022, 2022-2023 et 2023-2024 qui représentent respectivement 13.35 %, 9.55 % et 9.94 % qui n’arrive pas à atteindre la proportion de 15 % souhaitée par les chefs d’Etats Africains
Pour accroître le financement de la santé dans la proportion de 15 %, il faut rationaliser les dépenses tout en équilibrant le budget par secteur, faire de de bonnes proportions budgétaires et une bonne allocation des ressources selon les importances du secteur de la santé.
Il déplore également que lus de 50 % du financement de la santé proviennent des financements extérieurs au moment où le financement intérieurs représentent plus de 20% au même titre que les financements du secteur privé.
Le financement de la sante fait face à moult défis
Selon Dr Ndayikeza le financement de la santé connait un arsenal de défis dont la forte dépendance au financement extérieur à hauteur de 56.3 %. À cote de cela, on note une forte fragmentation du mécanisme de financement de la santé matérialisée par le travail en solo des intervenants dans ce secteur qui devrait, selon lui, être remplacé par le travail en équipe de tous les acteurs.
Le financement de la santé connait aussi une limite du financement public aux quels on ajoute le paiement volontaires et le niveau de paiement direct par les ménages qui est plus élevés.
Des solutions possibles pour inverser la tendance
Pour Gilbert Niyongabo Pr des Universités, le financement de la santé peut passer par l’affectation de taxes issues du tabac, des boissons fortement alcoolisés au secteur de la santé. Instaurer aussi de nouvelles taxes sur la fortune (maisons, véhicules etc), introduire la taxe sur la pollution par les grandes entreprises, les véhicules de plus de 10 ans de fabrication ainsi que la pollution par les déchets ménagers. Il faut aussi demander aux grandes entreprises et sociétés de financer certaines campagnes de la santé sous forme de sponsor. De plus, ajoute Pr mettre sur pied un fond spécial santé serait une solution durable.
Pour accroitre l’investissement privé en santé, le gouvernement devrait fixer des objectifs de ce secteur, sur base de ces objectifs, les investisseurs privés pourraient bénéficier de la réduction des taxes ou bénéficier des exonérations pour les inciter à investir dans ce secteur et répondre facilement aux objectifs fixés. Une idée soutenue par Dr Gabriel Nahaye, président et représentant légal de l’Association Buraca (Burundi Action Against Cancer) qui avoue que le secteur privé dans le domaine de la santé finance à hauteur de 20 % la santé. Il rappelle que le gros de l’industrie pharmaceutique et de la pharmacie est tenu par le secteur privé, au moment où, seul la Camebu relève du secteur publique.
Il précise que si une fois, les mesures incitatives sont mises en place, le secteur privée pourrait contribuer énormément. De surcroit, il trouve que l’amélioration du climat des affaires, l’absence de discrétion des infirmiers et médecins travaillant dans le secteur privé, l’implication dans la rédaction des textes qui régissent le secteur de la santé , l’accès aux crédits à long terme et à un taux d’intérêt trop bas, investir dans la télémédecine, l’introduction de la robotique constitueraient des moyens efficaces de financement domestique de la santé
Des initiatives salvatrices mise en œuvre
Lors de ce dialogue national, le vice-président de la République du Burundi, Prosper Bazombanza a, dans son discours, rappelle que depuis son accession à la magistrature suprême le président Evariste Ndayishimiye a entamé un vaste chantier dans le domaine sanitaire en vue de protéger la population burundaise. C’est notamment le lancement de la campagne de construction des hôpitaux communaux, une mesure qui est intervenue pour soulager la population qui devait parfois parcourir plusieurs kilomètres pour accéder à des soins de santé nécessitant des médecins. A ce jour, 74 hôpitaux communaux sur 116 ont été déjà construits soit un taux de réalisation de 63,79%.
D’autres initiatives salvatrices visant à garantir que personne ne soit laissé pour compte sont mises en œuvre. Il s’agit entre autres dont : l'augmentation des ressources nationales pour le financement durable de la santé vers la Couverture Sanitaire Universelle qui a été une priorité, la gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et qui accouchent, la prise en charge gratuite dans toutes les formations sanitaires publique des affections préoccupantes, telles que le VIH, la tuberculose et les médicaments de première intention pour le paludisme.
Nonobstant, malgré ces efforts, de nombreux défis persistent encore, y compris l’importance des paiements directs de la santé par la population, les difficultés d’absorption des budgets externes et internes, les inégalités géographiques et la faiblesse de la couverture de la protection sociale. Pour adresser tous ces défis, a-t-il indiqué, le Gouvernement du Burundi a défini une série d’orientations stratégiques s’inspirant du Plan National de Développement (PND) 2018-2027, des Objectifs du Développement Durable et la Vision Burundi « un Pays Emergent en 2040 et Pays Développé en 2060 » qui a pour finalité l’ l’amélioration des conditions de vie et du bien-être et la réduction des inégalités.
Notons que le Dialogue National de haut niveau s’articule autour de 4 objectifs à savoir : investir plus d’argent dans le secteur de la sante, améliorer l’état de sante de la population avec l’argent disponible, améliorer l’équité dans la distribution et l’accès au financement de la sante, améliorer le leadership et la coordination du système de santé.