Depuis le 1er
janvier 2021, la Zone de libre-échange continentale africaine est opérationnelle ;
créant ainsi une nouvelle dynamique commerciale sur le continent. L'objectif
de la ZLECAF est de supprimer les droits de douane pour 90 % des
marchandises ; afin de stimuler le commerce intra-africain en permettant de faire des affaires
plus facilement avec 1,2 milliard de personnes, et plus de 4 billions de
dollars de dépenses combinées des consommateurs et des entreprises.
Selon Dr Ir Rurema, l’ex-ministre de
l'environnement, de l'agriculture et de l'élevage, la ZLECAF constitue la plus
grande zone de libre-échange au monde, depuis la création de l'Organisation
Mondiale du Commerce (OMC). « La
ZLECAF représente une opportunité exceptionnelle pour le Burundi, car il renforcera
aussi bien ses échanges intra-régionaux qu'intra-africains. Cela est d'autant
plus important compte-tenu de l'atmosphère économique globale actuelle qui
s'avère de plus en plus instable », a indiqué Dr Ir Deo Guide Rurema, lorsqu’il
présentait l’exposé des motifs lors de la séance plénière du 19 mai 2021.
Pour
lui, la ZLECAF augmentera le commerce intra-africain du Burundi en réduisant
les barrières tarifaires et non-tarifaires à son commerce avec les pays
africains.
Quelle
opportunité ?
En promouvant le commerce intra-africain, et en
diversifiant et transformant structurellement l’économie du continent, la ZLECAF
présente des opportunités pour améliorer des performances économiques du
Burundi. Elle permettra de créer un marché continental unique pour les biens et
services avec la liberté de circulation des hommes et femmes d’affaires et des investissements,
pour faciliter l’établissement de l’union douanière continentale. Mais
également, elle permettra de résoudre les difficultés de l’appartenance à
plusieurs organisations régionales, accélérer l’intégration régionale et
continentale, sans oublier de renforcer la compétitivité à tous les niveaux, et
d’accroître de 50 % les échanges commerciaux entre les pays africains.
Le Burundi peut aussi renforcer son niveau de
compétitivité en exploitant son potentiel exportable en ce sens que certaines cultures
d’exportation se retrouvent dans toutes les régions du Burundi (café, thé),
sans oublier que toutes les régions ont des potentiels exportables spécifiques.
Au regard de son potentiel exportable, le Burundi pourra profiter de la ZLECAF
à travers une augmentation de la demande des produits agricoles notamment les
fruits et les huiles essentielles, et les produits de pêche du lac Tanganyika.
Le Burundi pourrait également profiter de sa position géographique stratégique
et faire de Bujumbura une plaque tournante pour les échanges entre les pays de
l’Afrique de l’Est avec l’Est la RDC et les échanges avec les pays d’Afrique
australe à travers le lac Tanganyika.
Les femmes, vont-elles en
profiter ?
Oui. La ZLECAF pourra
contribuer à l’autonomisation des femmes par des soutiens et appuis à la mise
en œuvre effective du Régime commercial simplifié (RECOS) pour les activités de
commerce transfrontalier des femmes. En plus, les femmes burundaises sont
présentes tout au long des chaînes de valeur agroalimentaires étant productrices,
commerçantes et entrepreneuse agricoles, et ont tout à gagner des nouvelles opportunités
offertes par la ZLECAF.
Le déploiement de la ZLECAF
présente également des risques potentiels pour les femmes commerçantes, qu'il
convient d'aborder. En créant de nouveaux marchés formels et réglementés, la
ZLECAF entraînera un changement structurel dans la manière dont certaines
activités économiques et entreprises sont menées en Afrique. En effet, 85 % de
l'activité économique en Afrique est réalisée dans le secteur informel où les
femmes représentent près de 90 % de la main-d'œuvre informelle. En raison de
cette concentration de femmes dans le secteur informel, la formalisation des
pratiques commerciales et la création de nouveaux marchés formels réglementés et
catalysés par la ZLECAF peuvent potentiellement entraver l'accès des femmes
commerçantes aux nouvelles opportunités de marché, d'investissement et
d'affaires que la zone de libre-échange promet.
Comme le montre le projet
du CDE Great lakes en partenariat avec IATP, dénommé « libérer le potentiel
du Commerce au Burundi via l’accord de la ZLECAF et son implication pour le
peuple du Burundi », le Burundi dispose des forces très importantes et des
opportunités à saisir qui peuvent lui permettre de tirer davantage profit des
opportunités offertes par la création du marché continental via la ZLECAF. Mais
pour saisir ces opportunités, le Burundi doit corriger certaines faiblesses et faire
face aux menaces.