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Burundi : Menacé, le lac Tanganyika se révolte ! : EJOHEZA NEWS
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Les vagues du lac Tanganyika menacent les infrastructures publiques et privées. Les populations environnantes vivent la peur au ventre. Certains ont vidé les lieux. D’autres résistent et développent des moyens de riposte. Mais pour combien de temps [Reportage]



Nous sommes lundi le 15 avril 2024 vers 11 heures. Trois reporters du Journal EJO HEZA News quittent la rédaction pour faire un constat des dégâts dus à la montée des eaux du lac.

Vers 15 heures et demie, les reporters débarquent dans le quartier Kinindo Ouest. D’intenses activités s’y effectuent. Les habitants qui persistent essaient de barrer la route à l’eau : Des bennes de sables et de moellons fourmillent. Des maçons s’activent. Certains préparent du béton. D’autres posent des pierres. Les travaux sont agrémentaient par des vrombissements de motopompes. Ces dernières sont utilisées pour évacuer l’eau des parcelles et des caniveaux. Néanmoins ces efforts sont sans effets car, la montée des eaux du lac s’accentue. Ces dernières ont  montée jusqu’à plus de 350 mètres du littoral.

Furieuse et ne sachant  à quels saints se vouer, une maman supervise les travaux   d’agrandissement d’un caniveau devant le portail de sa maison. Lorsque les reporteurs s’approchent d’elle, elle resta la bouche bée. « Je n’ai rien à dire », dit-elle avant de jeter le tort à l’Etat. « Ces parcelles nous ont été attribuées par les services de l’Etat. Mais aucun membre du gouvernement n’est jamais venu ici pour constater les dégâts et le calvaire que nous vivons. Nous nous battons bec et ongles seuls sans secours. Nous ne savons même si nous ne sommes pas en train d’ajouter le drame au drame en agrandissant ces caniveaux. Nous demandons au gouvernement de nous venir en aide sinon nous orienter dans nos travaux de sauvetage», lance-t-elle désespérément.  

Le quartier Kibenga assiégé


De Kinindo, les reporters se rendent à Kibenga. C’est le même calvaire.  Suite aux vagues des eaux du lac Tanganyika, les avenues et les infrastructures riveraines du lac Tanganyika ont été assiégées par les eaux. Certaines maisons sont sous l’eau. Une partie de la population avait déjà vidé les lieux.  Elle ne voit pas à quels saints se vouer. Dans les avenues, les reporters rencontrent des sinistrés qui vident les lieux. « Voici ma maison. J’avais longtemps résisté. J’ai trop dépensé  pour la construction et la protection de ma maison. Trop de sacs de sables pour empêcher que l’eau entre dans ma maison. Mais les sacs sont submergés. Je quitte, je reviendrai quand Dieu aura tout mis en ordre », lance une dame rencontrée dans le quartier, une valise sur la terre en train de patauger l’eau.

Un habitant rencontré à Kibenga à plus de 200 m de ce qu’était le lieu de loisir dénommé « Lacosta Beach »  fait savoir que les services de l’Etat qui ont laissé les gens construire à cet endroit les ont trompés. Comme il l’indique, le sol est sablonneux à cet endroit. L’eau s’infiltre facilement. De plus, le sol y est plat. Pas de pente. Il se trouve sur le même niveau que le lac Tanganyika. De surcroit, il demande à l’Etat qui a accordé des parcelles à cet endroit d’être prêt à indemniser les victimes.




De Kibenga, les reporters du Journal EJO HEZA News se rendent à la plage dénommée Safi Beach à bord d’un véhicule de type Probox. Nous empruntons l’avenue du large, une avenue qui traverse la ville de Bujumbura en longeant les rives du lac Tanganyika. Certaines sections de la route sont impraticables. A titre d’exemple, le restaurant Tanganyika et la plage Safi Beach se retrouvent isolés. L’endroit qui servait de lieux de loisirs pour les enfants et de prise de photos pour les mariées est complètement inondé. Leurs abords sont engloutis par des flots d’eau.

 Gatumba, un quartier flottant


A Gatumba la situation est la même que celle de Kibenga. La population est dans le désarroi. Du pont de la rivière Rusizi aux quartiers Mushasha I et II, les maisons sont dans l’eau. Elles sont victimes de la montée des eaux du lac aggravée par le débordement de la rivière Rusizi. Le parc national de la Rusizi est inondé. Ce parc qui, jadis accueillait des touristes est actuellement inaccessible. Pire encore, des riverains rapportent que certains animaux surtout non aquatiques sont morts noyés.  Seuls les crocodiles et les hippopotames résistent. Cependant, ajoutent les riverains, ces hippopotames font face à un manque d’herbes car leur pâturage est inondé. Et par conséquent se baladent dans les ménages. La chaussée d’Uvira, à partir du poteau kilométrique numero 1 au poteau kilométrique numéro trois, est inondée. Des véhicules doivent ralentir pour passer. Les piétons, la peur au ventre, doivent déchausser et filer leur habits jusqu’au niveau des genoux.

Kigaramango sous l’eau

Le site Kigaramango qui, jadis accueillait les sinistrés des inondations est à son tour inondée. Des poissons y sont capturés pour être vendus ou consommés. Au milieu des zones inondées, de belles maisons sont érigées. Ces dernières tiennent encore mais sont séquestrées par les eaux même en petite quantité par comparaison à la zone Gatumba.

Pourquoi la montée des eaux du lac Tanganyika ?

La question est sur toutes les lèvres. Pourquoi le niveau du lac monte ? Les experts s’accordent avec l’hypothèse des changements climatiques. Les fortes précipitations, l’érosion du sol qui, l’exutoire de la rivière Lukuga ne peut pas évacuer une bonne partie des eaux du lac, le dépôt des débris dans le lac,… « La rivière de Lukuga qui évacue les eaux du lac Tanganyika est maintenant débordée et n’évacue plus une grande quantité de l’eau provenant du lac Tanganyika.»

 Le Code de l’eau doit être respecté

Pour se protéger contre les dégâts induits par la montée des eaux du lac Tanganyika, l’éminent environnementaliste l’Amb. Albert Mbonerane demandait à la population de respecter le Code de l’eau promulgué en 2012.  L’article 5 de ce code établit la zone tampon dans les 150 m à partir du littoral du lac Tanganyika. Malheureusement, la lecture qu’on fait de cette disposition est fausse, avait indiqué Amb. Mbonerane. En principe, les 150 m ne devraient pas être comptés à partir du bord du lac. C’est plutôt en tenant compte de la géomorphologie de l’espace, à partir du niveau le plus élevé de la dernière crue. Ce qui n’est pas le cas puisque certaines constructions ont été érigées jusque dans l’eau, déplore-t-il.

Une déclaration pour la mobilisation des ressources

Suite à la gravite de la situation due aux inondations, le gouvernement du Burundi avec le Système des Nations Unies vient de sortir une déclaration pour la mobilisation des ressources nécessaires pour appuyer la mise en œuvre du plan de réponse aux effets du phénomène El Nino qui cibles plus de 306 mille personnes en besoins d’assistance humanitaire.

Pour alléger les souffrances des communautés affectées par les effets du phénomène El Nino, le gouvernement appelle la communauté internationale à appuyer davantage dans ses efforts de réponse aux besoins prioritaires des personnes touchées. Dans le même ordre d’idées, le gouvernement appelle les partenaires à appuyer le renforcement des capacités institutionnelles et communautaires de gestion des risques et catastrophes pour limiter les chocs des phénomènes météorologiques extrêmes.

Notons qu’entre septembres 2023 et 07 avril 2024, plus de 200 milles personnes ont été affectées. De plus, de 19 250 habitations et plus de 200 salles de classes ont été détruites. Le nombre de déplacés internes dépasse plus de 98 000 personnes. Pour la même période, le secteur de la sécurité alimentaire enregistre plus de 40 000 ha de champs de cultures détruits.   

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