Dans le but d’inviter les femmes à plaider pour l’accès des femmes aux postes de prise de décision, L’Association de Femmes Rapatriées du Burundi anime des sessions d’échanges entre les parties prenantes pour tenter une solution. C’est dans cet optique qu’elle a, en date du 06 mai 2025, animée un café de presse au cours duquel la directrice en charge de la décentralisation au ministère ayant l’intérieur dans ses attributions Dative Ntabomfise, a dressé un aperçu des innovations contenues dans la nouvelle loi.
Mme Dative Ntabomfise, chargée de la décentralisation au ministère ayant l’intérieur dans ses attributions.Le nombre de provinces et de communes a diminué passant respectivement de 18 à 5 et de 119 à 42. Le nombre de zones et de collines considérées comme des structures de proximité ont augmenté passant de 399 à 447 pour les zones et de 2910 à 3037 pour les collines. Pour le charge de la décentration au ministère de l’Intérieur, Mme Dative Ntabomfise n’est que salutaire pour la population qui peinait à accéder aux sévices administratifs ». Elle informe que chaque ministère aura une direction au niveau de la commune. « Tous les services des ministères normalement déconcentrés ont cette fois-ci été décentralisés au niveau communal »
Une loi qui ne rassure pas
Selon les organisations féminines, rien ne rassure quant à la place de la femme dans les organes que produira la loi du 7 juin 2024, c’est du moins le constat de Mme Pascasie Sinzinkayo, représentante légale de l’association « Dushire hamwe »
Mme Pascasie Sinzinkayo, représentante légale de l’association « Dushire hamwe »« Même si la Constitution consacre 30% de participation aux femmes dans différentes instances de prise de décision, l’on remarque que ce quota est légèrement atteint au niveau de l’Assemblée Nationale, du Parlement, et au niveau du Conseil communal. Néanmoins, force est de constater que le cadre légal reste muet en ce qui est de la participation de la femme dans les postes non électifs (issus de nominations)», s’est indignée Mme Pascasie Sinzinkayo.
Mme Sinzinkayo estime que des lois moins sensible au genre une fois votées, sont mises en application par ces hommes-mêmes qui ne veulent pas lâcher ; Pour Mme Sinzinkayo, les craintes ne peuvent pas manquer parce qu’il n’y a pas de référence pour réclamer cette dimension genre.
Mme Clémence Bununagi, représentante légale de BLTP (Burundi Leadership Training Program)
Même son de cloche chez Mme Clémence Bununagi, représentante légale de l’organisation BLTP (Burundi Leadership Training Program) qui précise qu’on ne peut pas espérer grand-chose quant au niveau du changement apporté par la présente loi. Cette activiste des droits des femmes place sa confiance dans les personnes qui vont gérer les postes communaux. Leurs attitudes par rapport à l’égalité homme-femme. D’emblée, elle appelle à la volonté politique pour agir là où la loi est muette.
Une loi promulguée avant sa vulgarisation
Monique Kayibanda, enseignante chercheur et spécialiste des questions genreMonique Kayibanda, enseignante chercheur et spécialiste des questions genre, a regretté l’absence de la vulgarisation de la loi portant réorganisation de l’administration communale au Burundi auprès des femmes leaders. Pour elle, peu d’espaces de concertation ont été créés quand la loi était encore en projet sinon les femmes leaders, les organisations féminines allaient plaider la cause de son contenu, à propos des postes à pourvoir aux niveaux décentralisés. Or nul n’ignore que les préjugés et stéréotypes planent sur la femme surtout leur capacité dans les postes de prise de décision.
Pr Kayibanda se dit moins confiance quant aux opportunités de la femme quelle que soit la multiplication de postes dans les structures de base, si déjà elle était à moins de 20% de représentations dans les instances décisionnelles dans les collines. Selon elle, il faillait que la loi soit vulgarisée pour éveiller la conscience des femmes et d’inviter toutes les parties prenantes à se sentir impliquées pour sensibiliser les femmes capables à se mesurer dans les postes postes nouvellement crées.