Au Burundi, lorsqu'une situation traumatique arrive notamment un accident, pertes humaines et inondations, nombreux sont ceux qui pensent à l'urgence vitale et au premiers secours en santé physique, souligne Madame Nsabiyumva J. d'Arc, psychologue clinicienne. 

Toutefois, déplore ce psychologue qui représente un réseau « East Africa Community Mental Health », au Burundi des événements douloureux ne manquent pas. Et, les victimes restent chez eux sans aucune assistance psychologique.

Madame Nsabiyumva trouve alors qu'il faut initier des approches d’accompagnement appropriées pour soutenir les personnes ayant subies des évènements traumatiques à l’instar des premiers secours psychologiques.

Toutefois, nuance-t-elle, ceux-ci ne remplacent pas un suivi psychologique spécialisé. Elle explique que les premiers secours psychologiques ne sont autres qu'une première étape essentielle avant de faire appel à des professionnels de la santé mentale. D'ailleurs, lance-t-elle, tout le monde peut en donner. «Il n'est pas nécessaire d'être psychologue pour offrir les premiers secours psychologiques», a-t-elle indiqué. Mais, elle laisse entendre quand même qu'une formation est recommandée car des gestes mal appliqués peuvent aggraver la détresse.

En fait, explique Mme Nsabiyumva, les premiers secours psychologiques c’est cette façon d’essayer d’être en contact avec la victime d’un évènement traumatique ayant occasionné le stress. Celui qui apporte les premiers secours psychologiques essaie d’écouter avec attention afin de comprendre la situation de la personne et ses besoins. Pour Madame Nsabiyumva, cela aidera les personnes impliquées dans une situation potentiellement traumatique à se soulager avant de faire recours à une assistance psychologique spécialisée si nécessaire. 
 


Dr. Michel Nsabiyumva ne dira le contraire. Lors de son exposé sur la compréhension du traumatisme psychique dans le contexte d'urgence, il a fait savoir qu'un cas d'un événement traumatique les médecins se hatent à faire des interventions  pour arrêter l’hémorragie. Mais, il y a des hémorragies hormonales qu'ils ne règlent pas, a-t-il souligné. Pour lui, en situation d'urgence, les traumatismes ne se limitent pas aux atteintes physiques. « Il y a des blessures psychiques majeures qui nécessitent une prise en charge adaptée pour barrer la route au stress post traumatique». , a-t-il précisé tout en appelant à toute personne ayant subie un évènement traumatique à  consulter un psychologue.

Dérèglement hormonale et trauma psychique

Selon Dr. Nsabiyumva, lors d'un traumatisme psychique, plusieurs hormones sont déréglées suite au stress intense. Raison pour laquelle, dans la plupart des cas, des personnes subissent des troubles du sommeil en cas de stress. Selon Dr Michel cela est dû aux hormones qui ont été déréglées pendant la survenue de l'événement traumatique. D'autres personnes se verront atteintes de maladies sans la moindre guérison. Ce ne sont pas des maladies comme telles mais des traumatismes qui n'ont pas été traités car, dit-il, le traumatisme non traité ne quitte jamais les victimes.

La sensibilisation s'impose

Bien que l'assistance psychologique soit un remède pour se rétablir en cas d'un événement traumatique, peu de personnes se confient aux psychologues. Certaines ont peur de jugement. «J'ai peur d'être considérée  comme une personne atteinte des maladies mentales», a révelé  Musangwa Ange le 17 mai 2025 lors d'un dialogue organisé par l'AST (Association Santé pour tous Magara yacu) sur les notions de premiers secours psychologiques. Madame Jeanne d'Arc Nsabiyumva considère qu'il faut sensibiliser les gens afin de les inciter à se confier aux psychologiques en cas de stress.

Dr. Jean de Dieu Havyarimana, directeur du programme national de lutte contre les maladies chroniques non-transmissibles abonde dans le même sens. Pour lui, il faut sensibiliser sur les signaux d'alerte sur la santé mentale. Il souligne que si les gens ne sont pas sensibilisés le risque est grand qu'on aura les mêmes problèmes.

Santé mentale, sujet d’actualité 

Le coordonnateur de Memisa au Burundi trouve que la santé mentale est d’actualité. Eduard Nkurunziza a mis en évidence la détresse profonde observée chez certains réfugiés. Avec l’afflux massif des réfugiés congolais l’organisation dont il est coordonnateur a dû intervenir. Néanmoins, pour ce qui est de leur santé mentale la situation est inquiétante. «  Imaginez quitter Goma pour arriver à Cibitoke à pied. Nous faisons face à une population traumatisée.», déplore-t-il. 

Parmi les dix-huit mille réfugiés congolais, Nkurunziza fait savoir que deux mille cas de troubles mentaux ont été recensées. « Vous traitez un cas d’actualité », conclu-t-il. En somme, il faut, selon Nkurunziza réfléchir ensemble aux meilleures stratégies pour soutenir les personnes présentant des troubles mentaux, y compris les réfugiés congolais récemment arrivés au Burundi. Ce qu’il faut retenir, la santé mentale est une pathologie comme les autres, pouvant toucher n’importe qui. Mais, un diagnostic précoce permet une prise en charge plus efficace.

Bien que les chiffres sur la situation de la santé mentale sur toute l’étendue du pays ne soient pas connus, force est de constater que les maladies mentales sont une réalité. 

L’enquête réalisée en 2019 par l'ISTEEBU actuellement INSB dans les quatre provinces dont Bujumbura Mairie, Ngozi, Gitega et Rumonge a révélé que quatre personnes sur dix présentaient des troubles mentaux.