Selon les experts du FMI, la dette publique est actuellement considérée comme soutenable, bien qu'elle comporte un risque notable de surendettement. Cette analyse repose sur la mise en œuvre continue des réformes du taux de change et d'autres mesures économiques. Fin 2024, expliquent-ils, la dette publique représentait environ 52 % du PIB, dont les deux tiers étaient de la dette intérieure, principalement détenue par la banque centrale. À l’horizon 2030, selon eux, le ratio de la dette publique totale devrait diminuer, principalement grâce à des taux d'intérêt réels largement négatifs sur la dette intérieure.
Garantir des politiques ambitieuses
Pour garantir la viabilité de la dette publique, ces experts indiquent qu’il est impératif d’adopter des politiques ambitieuses. Parmi celles-ci figurent la libéralisation du marché des changes, un assainissement rigoureux des finances publiques ainsi qu’un resserrement de la politique monétaire. Ils font savoir que ces réformes permettront de dynamiser la croissance économique, d'accroître les recettes issues des exportations et d’améliorer les revenus fiscaux. Et favoriseront également une hausse des financements provenant des partenaires internationaux. Et d’ajouter : Qu’il est recommandé aux autorités de maintenir une gestion prudente de la dette, en mettant l'accent sur la mobilisation de dons.
Le système financier a démontré une forte résilience face à divers chocs en 2024. En décembre, le ratio de fonds propres de base atteignait 17,1 %, tandis que les actifs liquides représentaient 19 % des prêts et 15,4 % des actifs pondérés selon les risques. Toutefois, derrière ces chiffres solides se cachent des menaces croissantes. La croissance du crédit a bondi à 27,2 %, et les prêts non performants ont grimpé à 3,8 %, contre 2,7 % l’année précédente.
La perte de vitesse des réformes en 2024, dans un contexte international plus tendu, accentue les risques. Le ralentissement de l’économie mondiale, la baisse des aides au développement et le retour des barrières commerciales pourraient détériorer les perspectives. Une relance des réformes amorcées en 2022-2023, notamment par une coordination efficace des politiques budgétaires et monétaires ainsi que des mesures structurelles, est cruciale pour renforcer le secteur privé, soutenir les exportations et attirer les investissements étrangers.
Une inflation de 39 pourcent
Depuis la mi-2024, l’inflation connaît une progression marquée. Après être brièvement descendue sous les 15 % grâce à un resserrement monétaire et à la baisse des prix alimentaires, elle a fortement rebondi, atteignant en moyenne 39 % sur les deux premiers mois de 2025. Cette accélération s’explique par une expansion rapide de la masse monétaire. Les perspectives demeurent préoccupantes : tant que le financement monétaire persistera, des pressions inflationnistes importantes sont à prévoir jusqu’en 2027. Il est impératif que les autorités fassent de la lutte contre l’inflation leur priorité, compte tenu de ses effets délétères sur les plus vulnérables et sur l’économie en général.
En 2025, la croissance économique devrait ralentir, pénalisée par une baisse des réserves de change, des restrictions sur les carburants, et une réduction des importations essentielles. Cela affecte particulièrement les secteurs secondaires et tertiaires, en raison d’une diminution des importations de biens de production.
"La hausse des prix du café et de l’or, ainsi que la relance du secteur minier, pourraient accroître les recettes d’exportation et les réserves de change"
Sur le plan extérieur, le déficit du compte courant s’améliore progressivement, notamment grâce à la contraction des importations. En 2024 déjà, une amélioration avait été constatée, et la tendance devrait se poursuivre. Cependant, les exportations ont diminué, notamment du fait d’une sous-facturation croissante dans le secteur agricole.
À moyen terme, la hausse des prix du café et de l’or, ainsi que la relance du secteur minier, pourraient accroître les recettes d’exportation et les réserves de change, permettant un assouplissement des restrictions. Notons enfin que la prime de change, après avoir plus que doublé en 2024, s’est stabilisée au début de 2025.
Il est essentiel de renforcer la mobilisation des recettes intérieures. Les services du FMI félicitent les autorités pour le lancement de la numérisation des déclarations et des paiements d'impôts, ainsi que pour le déploiement de machines de facturation électronique.
Des réformes supplémentaires sont nécessaires, notamment la création d'un registre des contribuables et un examen annuel des exonérations fiscales afin de limiter les abus et de garantir qu'elles contribuent à encourager l'investissement. Une plus grande transparence dans la collecte des recettes non fiscales – par les ministères et organismes compétents autres que l'administration fiscale – renforcerait la responsabilisation.