Dr Chritian Ayiku, membre du Conseil d’administration d’AFRODADDans son discours d’ouverture ,Dr Chritian Ayiku, membre du Conseil d’administration d’AFRODAD avoue que l'Afrique est confrontée à l'une de ses pires crises de dette souveraine qui menace de renverser des années de gains en développement et des efforts historiques de réduction de la dette. Sur la Carte des Risques de dette Africaine, des pays comme le Soudan, le Somaliland, la Somalie, le Ghana, São Tomé et PrÃncipe, la République du Congo, la Zambie, le Mozambique, le Malawi, le Zimbabwe, le Cameroun, l'Angola, la République Centrafricaine, le Soudan du Sud, l'Éthiopie, le Tchad, l'Érythrée, Djibouti, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Sierra Leone, la Tunisie et le Kenya souffrent d'un lourd fardeau de dette. Certains pays ont été poussés à mettre en Å“uvre des politiques sévères et des coupes budgétaires, passant des investissements sociaux au remboursement des prêts, entraînant des troubles alors que les pays sont contraints de mettre en Å“uvre des politiques profondément injustes et impopulaires, menant parfois à des troubles civils, comme en témoigne le Kenya et le Nigeria en 2024.
La dette publique, précise-t-il, bien qu'elle soit un élément essentiel de la politique fiscale moderne dans le monde, présente des complexités uniques au sein des économies africaines. Ayiku reconnait que la dette publique est intimement liée à l'héritage colonial laissé par les puissances européennes, qui a contribué à l'accumulation de dettes odieuses et au transfert de fardeaux de dettes oppressifs aux nations africaines indépendantes, restreignant leur espace fiscal.Â
« Les pratiques d'exploitation et le contrôle économique des puissances coloniales durant l'ère coloniale ont entraîné l'extraction de ressources et l'imposition de structures économiques favorables aux colonisateurs. En obtenant leur indépendance, les nations africaines ont hérité des dettes pesantes contractées par les puissances coloniales, perpétuant ainsi la dépendance économique et entravant le développement », déplore Dr Ayiku
Il se dit confiant quand même que l'agenda des réparations dans le thème de l'UA pour 2025 vise à aborder les injustices historiques tout en s'attaquant aux problèmes contemporains tels que le racisme systémique, l'exclusion économique et la marginalisation de l'Afrique dans la prise de décision mondiale.
Création d’un marché intérieur du financement des créances
En 2024, la BAD a lancé en Ethiopie un programme qui permettra de renforcer la capacité de la gestion de la dette des pays africains par le développement d’un marché intérieur de finances des créances. Il s’agit d’un programme qui vise à apporter des solutions locales aux défis africains de la dette.
Eric Ogunleye, directeur de l’Institut Africain de Développement à la BAD (2024) considère que les besoins de financement croissants pour le développement des infrastructures, la réduction de la pauvreté, l’atténuation du changement climatique et la lutte contre l’insécurité poussent les pays africains à emprunter davantage, accroissant encore leur vulnérabilité liée à la dette.
Cette vulnérabilité croissante à la dette et la faible capacité de gestion de la dette dans de nombreux pays africains continuaient de dégrader les résultats macroéconomiques et d’entraver l’efficacité des réponses politiques aux chocs, exacerbant ainsi le surendettement dans certains pays. « Il est donc de plus en plus nécessaire de renforcer la capacité de gestion de la dette dans les pays africains. »
À fin avril 2024, sur les 38 pays africains pour lesquels des données d’évaluation de la viabilité de la dette sont disponibles, treize d’entre eux présentaient un risque élevé de surendettement et six étaient déjà en situation de surendettement.Â
Les médias, un acteur clé pour influencer les décisions politiquesÂ
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Dr Ayiku certifie que les médias jouent un rôle crucial dans la formation du discours public, influençant les décisions politiques et attirant l'attention sur les enjeux socio-économiques. Par conséquent, explique-t-il, il est essentiel d'habiliter les journalistes à établir un agenda visant à assurer la responsabilité et à tenir les gens informés des processus clés. « Il est important d'impliquer les journalistes dans ce processus pour garantir que les citoyens soient informés et engagés. Â
Raison pour laquelle, AFRODAD, à travers son initiative AFROMEDI, organise chaque année, un atelier de renforcement des capacités des journalistes africains afin d’acquérir des compétences leur permettant de fournir des informations utiles aux décideurs et à la population africaines en général.Â
Selon l’agence Africanews.FR, 10 pays africains sont plus endettés auprès du FMI (en milliards de dollars)Â
1. Égypte: 9,45
2. Kenya: 3,02Â
3. Angola: 2,99
4. Ghana: 2,25Â
5. Côte d’Ivoire: 2,19Â
6. RDC: 1,6Â
7. Éthiopie: 1,31Â
8. Afrique du Sud: 1,14
9. Cameroun: 1,13
10. Sénégal: 1,11Â