Mme Bigirumwami est originaire de colline Busenge de la commune Muhuta. Elle a grandi sur cette colline avant d’aller s’installer à Gitaza. En 2015, elle a été élue membre des chefs de cette colline. Avant d’accéder à ce poste, Mme Bigirumwami travaillait dans les organisations de défense des droits des femmes.
Comme elle l’indique, elle ne tolère pas l’injustice.
«Je n’aime pas l’injustice. Des fois, un homme intentait une action en justice contre soit sa femme ou une autre femme. Mais vous savez que les femmes sont timides. Là, je me rendais à la justice pour écouter. Si je trouve que la femme est lésée, je refusais catégoriquement pour plaider en sa faveur. Bref, j’étais toujours au côté des femmes.»En 2020, alors qu’elle ne s’y attendait pas, Mme Bigirumwami gravit l’échelon. Elle se voit élue cheffe de colline Gitaza. Les habitants de Gitaza placent en lui la confiance. Elle explique le pourquoi.
«Les habitants de la colline Gitaza apprécient positivement mon leadership. Je suis toujours à leur côté. Je les soutiens dans le bonheur et dans le malheur ». Un leadership qui ne date pas d’aujourd’huiEn tant que femme leader, Mme Bigirumwami estime que son sens de leadership n’est pas quelque chose d’acquis mais c’est plutôt inné.
«Je ne sais pas à quand ça à commencer. C’est depuis mon enfance. A l’école on me désignait comme délégué de classe. Dans les mouvements d’action de grâce catholique, l’on me confiait des responsabilités.», souligne-t-elle.
Alors que certaines femmes ont développés des mentalités selon lesquelles elles sont moins capables que les hommes, madame Bigirumwami n’a jamais constaté une différence fonctionnelle entre un homme et une femme.
«Je n’ai jamais vu ce qu’un homme peut faire mais qu’une femme ne peux pas faire. J’invite d’ailleurs d’autres femmes à couper court avec cette mentalité selon laquelle les femmes ne sont pas capables », certifie-t-elle. Mme Bigirumwami les conseille plutôt à sortir du silence et démontrer en quoi elles sont capables.
Au début, certaines personnes ne croyaient pas qu’une femme pouvait diriger une entité administrative comme Gitaza qui regorge beaucoup de personnes, intellectuels, commerçants, toute catégorie confondue. Mais voilà que Mme Bigirumwami a fini par gagner la sympathie de la population de la colline de Gitaza.
Elle affirme que le fait d’être cheffe de colline n’a rien changé dans la vie quotidienne de sa famille. Cette mère de deux enfants concilie ses fonctions de cheffe de colline avec d’autres activités génératrices de revenus pour subvenir aux besoins de sa famille.
« A côté de mes fonctions de cheffe de colline, j’exerce aussi le petit commerce. Etre chef de colline ne m’empêche pas d’exercer d’autres activités. En tant que femme, je dois veiller au bien être de ma famille.», indique-t-elle.
Cependant, elle reste sur sa soif,… Malgré son apport dans sa communauté, madame Bigirimwami reste sur sa soif en ce qui est de l’aboutissement dans la lutte pour les droits des femmes :
«Je ne rêve que le bien-être de la femme dans la communauté. Si une femme vit dans de bonnes conditions, ses descendants auront une bonne éducation. Et le développement s’en suivra. », Affirme-t-elle.
Dans sa pensée, Mme Bigirumwami souhaite être succédée par une femme qui prendra la relève quand elle ne sera plus cheffe de colline. Raison pour laquelle, elle invite d’autres femmes à lui emboiter le pas. En fait, souligne Mme Bigirumwami, certaines femmes sont timides. Des barrières sociales, culturelles et économiques les empêchent de se développer. Mais Mme Bigirumwami leur conseille d’oser malgré ces barrières
« Nous avons besoin d’un leadership féminin transformateur pour relever les défis que connaissent les femmes en général », lance-t-elle.
Un apport bien appréciéLe courage et les actes de madame Bigirumwami laissent un héritage bien apprécie par les citoyens et restent gravés dans la mémoire de la communauté.
Monsieur Hajayandi Melchiade, un des administrés, de cette colline âge de 55 ans, reconnait le leadership exemplaire de madame Bigirumwami.
«Mme Bigirumwami est une femme leader exemplaire. Elle a pu percer dans un monde qui, jadis était perçu comme destiné aux hommes. Nous apprécions positivement son comportement envers nous ses administrés. Et les hommes et les femmes, elle les traite de la même manière sans favoritisme. Ses actes et ses agissements prouvent à suffisance qu’elle est une femme leader digne de son nom.», témoigne M. Hajayandi.
Cet agri-éleveur ajoute que Mme Bigirumwami a gagné la sympathie des habitants de sa colline.
«Si elle appelle la population aux travaux communautaires, elle y répond massivement. C’est un signe que les habitants ont la confiance en elle », rassure-t-il. Pour lui, dire actuellement que les femmes ne peuvent pas n’a plus de place. Les femmes sont capables.
L’administration communale à Muhuta apprécie le leadership féminin dans sa circonscription. L’administrateur de cette commune, Mme Scholastique Niyonsavye, témoigne :
« Dans cette commune, les femmes sont capables. Si on leur confie un travail que ce soit dans l’administration, la fonction publique et même dans le secteur privé, les résultats prouvent qu’elles sont capables. Nous sommes satisfaits de leur apport multiple. Actuellement, je suis sûre et certaine qu’il n’y a pas de femme qui se lamenterait par ce qu’on lui a donné à faire. Plutôt, elle se plaindrait si elle n’a rien à faire. », Martèle-t-elle.
Une autre chose, poursuit l’administrateur, les femmes exercent les fonctions d’administratives comme les hommes, ce qui n’empêcherait pas une femme de diriger une entité administrative soit-elle.
Beaucoup de personnes se mettent d’accord que le renforcement du leadership féminin joue un rôle important dans le développement socio-économique du pays. Raison pour laquelle favoriser les candidatures féminines lors des élections changerait la donne.